Dans l'affaire d'intérêt national de la future ligne de fret ferroviaire Serqueux-Gisors indispensable au désenclavement du Grand Port Maritime du Havre, la question de la maîtrise d'usage du projet et de son acceptabilité sociale et environnementale est essentielle:
Des efforts importants ont déjà été faits par la région Normandie présidée par Hervé Morin à l'égard du pays de Bray qui bénéficie d'un traitement de faveur comme jamais il n'avait pu en connaître sous la satrapie du très méprisant Le Vern ci-devant président d'une demi-région haut-normande pensée comme une carpette de la région parisienne.
Un contrat de développement territorial a été signé avec des facilités fiscales (zone franche rurale) pour les entreprises brayonnes, le serpent de mer de la déviation de Gournay en Bray est enfin financé par la région Normandie. Il est évident qu'il faudrait aller plus loin mais cela ne dépend plus directement de la bonne volonté de la région normande.
Car le point de désaccord principal des riverains et des élus brayons qui suscite leurs craintes et leur colère c'est le projet technique lui-même et l'insuffisance des dispositifs de compensation en conséquence de la suppression de nombreux passages à niveau pour d'évidentes raisons de sécurité qu'une actualité récente a tragiquement rappelées: les Brayons craignent, non sans raison, une coupure de leur territoire vécu avec des déviations routières trop longues pour contourner la voie ferrée et le manque de moyens aloués pour remplacer un maximum de PN supprimés par des ponts ou des tunnels ou pour équiper les traversées villageoises par des écrans phoniques suffisants. On rappellera que "l'effacement" d'un seul PN coûte entre 3 et 13 millions d'euros...
Le problème n'est donc pas l'insuffisance de la bonne volonté d'Hervé Morin et de la région Normandie à l'égard des élus brayons. Le problème c'est l'arrogance des haut-fonctionnaires ingénieurs de SNCF Réseaux qui refusent de prendre au sérieux l'idée d'une maîtrise d'usage démocratique du projet qu'ils ont pondu en toute arrogance.
Tout le problème est là: la suffisance techno jacobine pourrait faire dérailler un projet d'intérêt général avec la complicité du mépris grand parisien pour les questions d'intendance et de logistique!
En effet, pour la conduite de ce projet, la Normandie ne peut que compter sur elle-même et sur un arbitrage favorable au plus haut sommet de l'Etat avec un maire du Havre devenu Premier ministre. Il y a plus d'un an, en septembre 2016, La région Ile de France avait décidé de ne pas participer au financement du Serqueux-Gisors à en croire cette archive du quotidien Le Parisien:
Cela n'a pas pour autant empêché le projet d'avancer sur des voies que l'on espère bonnes puisque SNCF Réseau a décidé de renforcer ses équipes d'ingénieurs pour affiner plus encore l'insertion du projet dans les territoires traversés.
http://www.mobilicites.com/011-6578-Serqueux-Gisors-fait-un-pas-de-plus.html
Fret : un pas de plus vers le démarrage de Serqueux-Gisors
Le projet de modernisation d'une infrastructure tournée – une fois n'est pas coutume – vers le fret ferroviaire, Serqueux-Gisors, vient de franchir une nouvelle étape. SNCF Réseau a renforcé l'équipe d'ingénierie chargée de ce projet qui doit, en principe, être achevé en 2019.
Tandis que de grands projets d'infrastructures sont en suspens (Bordeaux-Toulouse, A45, canal Seine-Nord, etc.), un autre – moins médiatique et de taille plus modeste (295 M€ HT) – avance à petits pas. Destiné à améliorer la desserte ferroviaire du port du Havre, le chantier de modernisation du tronçon de ligne Serqueux-Gisors a franchi une nouvelle étape. Setec, qui assiste le maître d'ouvrage SNCF Réseau, vient de désigner un autre acteur du secteur de l'ingénierie pour conduire l’ordonnancement, le pilotage et la coordination (OPC) des travaux. Un plan de travaux annoncé Edeis, petit nouveau, n'est pas le plus connu des acteurs de l'ingénierie en France. Créé en 2016 et présidé par Jean-Luc Schnoebelen (ex-Ginger), l'entreprise est, en fait, l'héritière dans l'Hexagone du géant canadien SNC-Lavalin qui, après un scandale de corruption, a dû revendre une part importante de ses activités dans le monde. Ce sont deux acteurs français, le fonds Ciclad et la société de participation Impact Holding qui ont repris les actifs. Spécialisé dans l’ingénierie ainsi que dans l’exploitation d’infrastructures et de bâtiments complexes, Edeis affiche un chiffre d'affaires de plus de 100 millions d'euros et emploie 1.000 collaborateurs. Ceux-ci sont répartis entre les 13 agences (en France et à Monaco) et le management d’infrastructures –18 aéroports en France et en Espagne, 2 trains touristiques dont le train de la Mure dans l'Isère que le groupe prévoitde rouvrir en 2020, un port de plaisance. Marc Fressoz
"Edeis va assister, pendant trois ans, le maître d’ouvrage, SNCF Réseau, et Setec Organisation, mandataire de maîtrise d’ouvrage, dans les études d’exécution, les procédures administratives (procédures de consultation des entreprises et d’attribution des marchés de travaux) et les travaux de ce projet", a fait savoir ce groupe d'ingénierie français le 6 novembre 2017. Edeis ne précise pas le montant du contrat.
Le projet de modernisation de la ligne Serqueux-Gisors (double voie non électrifiée longue de 50 kilomètres) consiste à créer un itinéraire de fret alternatif à celui longeant la vallée de la Seine, et entièrement électrifié, avec un passage par Rouen et Mantes-la-Jolie.
Les travaux, qui devaient initialement démarrer cette année pour s'achever en 2019, prévoient :
- la création d’un raccordement direct d’environ 1,5 kilomètre au sud de Serqueux entre les lignes Rouen-Amiens et Gisors-Serqueux ;
- l'électrification de la ligne Serqueux-Gisors ;
- la suppression de passages à niveau et le rétablissement des liaisons ;
- la mise en place d’une signalisation automatique et la création de postes de signalisation ;
- la mise en place de systèmes de télécommunication GSM-R ;
- la mise en œuvre de protections acoustiques.